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Des susuki sous la pleine lune (Tsukimi)

Tsukimi, la fête japonaise de la Lune

Qu’est-ce que Tsukimi ?

Avez-vous déjà entendu parler de “Tsukimi” ou “O-tsukimi” ou peut-être encore de “Jyûgoya” ?

En japonais “Tsukimi” (月見), s’écrit avec les caractères sino-japonais (kanji) : 月 pour la lune et 見 pour regarder, signifiant ainsi “regarder la lune”. On utilise aussi “O-Tsukimi“, qui ajoute un degré de politesse ou aussi “Jyûgoya” (十五夜) qui signifie “le soir du 15”. Ces mots désignent tous la même coutume traditionnelle japonaise.

En effet, au Japon, il existe une coutume où les gens profitent d’admirer la pleine lune flottant dans le ciel nocturne d’automne, à la période où l’été est passé et où le temps commence à se refroidir. On dit que la date où la lune est la plus belle et la plus lumineuse est le 15 août du calendrier lunaire. On appelle ce jour : “Chûshû-no meigetsu“, qui signifie la belle lune du mi-automne.

La coutume de Tsukimi est bien enracinée au Japon.

Scène du Tsukimi par Utagawa Hiroshige
Contemplation de la Lune, œuvre n° 82 des Cent vues d'Edo - 1857 - Utagawa Hiroshige (Ando) (1797-1858)

L'origine et l’histoire de Tsukimi

Tout d’abord, il semblerait que cette habitude des gens à admirer la lune au Japon existe depuis la période de Jômon (de 13’000 jusqu’à 400 av. J.-C.).

Plus tard, vers 859 à 877, durant la période Heian (794 – 1185), des événements mondains ont été introduits de la Chine. Les nobles de l’époque profitaient alors de boire du saké en regardant la lune et s’amusaient à créer des poésies et à faire de la musique sur des bateaux.

Ensuite, à l’ère Muromachi (1336 et 1573), Tsukimi devient un événement plus simple. Il s’agissait alors de regarder la lune et de mettre des offrandes.

C’est enfin à l’ère Edo (1603-1868) que la culture du Jyûgoya s’est répandue dans toute la population. Ce n’était cependant pas le même événement que celui des nobles de l’époque Heian. C’était plutôt un évènement pour partager la joie et pour remercier les dieux pour la réussite de la récolte du riz.

En fait, l’automne est le moment où on récolte divers produits agricoles. Par conséquent, on dit qu’à l’époque les gens comptaient sur la lumière de la lune pour s’affairer à récolter les produits. La lune jouait donc un rôle très important pour la vie des agriculteurs et c’est pour cela qu’elle était vénérée comme une déité.

Quand a lieu l’événement Tsukimi ?

Comme expliqué en début d’article, cet évènement se déroule le 15 août du calendrier lunaire. Toutefois, il y a des différences par rapport à la date où l’année commence et à la durée de l’année entre le calendrier lunaire, et le nouveau calendrier, basé sur le mouvement du Soleil. Par conséquent, à cause des écarts entre les deux calendriers, Jyûgoya se situe chaque année entre la mi-septembre et le début octobre.

Cette année vous pouvez célébrer cet évènement le vendredi 29 septembre 2023 !

Pourquoi pas le célébrer à plusieurs ? Vous pouvez participer à un évènement local lié à l’automne de la culture japonaise 2023 comme par exemple Tsukimi avec le Cercle Suisse Japon.

Tsukimi et les offrandes de nos jours

Actuellement il existe toujours cette coutume de non seulement admirer la belle lune mais aussi de remercier pour la récolte en donnant en offrandes quelque chose ressemblant à la lune ainsi que des produits agricoles.

Il y a des différences par rapport aux offrandes entre les régions du Japon mais voici les offrandes caractéristiques : les roseaux de Chine (miscanthus sinensis), Tsukimi-dango (gâteau de riz en boule, spécifique à l’évènement) et les produits agricoles.

Roseaux de Chine

Les roseaux de Chine, en japonais “Susuki” protègent les récoltes des mauvais esprits et des désastres. On prie pour une bonne récolte l’année suivante.

Tsukimi-dango

On remercie la lune en lui dédiant ce gâteau qui lui ressemble. On empile 15 boules, formant ainsi  une pyramide comme offrande.

Produits agricoles

Comme vous l’avez compris, Tsukimi est un événement pour remercier de la bonne récolte, c’est pourquoi on dédie aussi des récoltes fraîches, telles que par exemple : le taro, la châtaigne ou des edamamé.

Scène du Tsukimi par Kitagawa Utamaro
Une femme et un homme arrangent des fleurs pour Tsukimi - 1802 - Kitagawa Utamaro (1754–1806)

Les légendes autour de Tsukimi

Le lapin sur la lune

Au Japon, on dit qu’il y a un ou deux lapins qui fabriquent des gâteaux de riz sur la Lune. Tous les japonais ont entendu cette histoire mais peu connaissent son origine.

En fait, l’origine de cette histoire viendrait du mythe “Jâtaka” de l’Inde. Les récits bouddhistes tirés de la mythologie Jâtaka, ont été introduites au Japon et recueillie dans le “Konjaku monogatari shû” (un recueil japonais de récits de la fin de l’époque Heian).

Quelle est donc cette histoire ?

Il était une fois un lapin, un singe et un renard. Ils vivaient en se consacrant aux autres. Shakra, une divinité bouddhiste, qui regardait ces trois, s’est transformé en vieil homme épuisé et est apparu devant eux pour éprouver leur assiduité. Il leurs a ensuite demandé l’aumône.

Le lapin, le singe et le renard étaient ravis d’aider ce pauvre homme et ils sont partis lui chercher de la nourriture.

Le singe a grimpé dans un arbre et a cueilli des fruits. Le renard a pêché des poissons. Puis ils ont offert leur récolte à ce vieil homme.

De son côté, le lapin a cherché partout des choses à manger dans la montagne mais, malgré ses efforts, n’a rien trouvé. Il s’est affligé de ne pouvoir aider le vieil homme. Il lui a demandé de faire un feu puis s’est jeté dedans pour se sacrifier et ainsi nourrir cet homme. Shakra était énormément surpris et ému par l’action de ce lapin tant et si bien qu’il a repris sa véritable apparence et a ressuscité le lapin sur la Lune pour y léguer son action remarquable.

Voilà l’histoire !

Mais pourquoi dit-on alors que le lapin fait des gâteaux de riz ?
En fait il y a plusieurs théories à ce sujet. Une de ces théories vient justement de Tsukimi ! Le lapin ferait en fait des gâteaux pour remercier pour la bonne récolte !

Tsukimi-dorobô (Voleurs de Tsukimi)

Tsukimi a aussi un côté comme la fête de Halloween, il s’agit de Tsukimi-dorobô. On pose tsukimi-dango à l’entrée ou sur la véranda et les enfants viennent les voler et manger. On dit que c’est une bonne chance de se faire voler autant que possible.

De nos jours, cette culture a disparu dans de nombreuses régions mais il semble qu’elle existe toujours dans les préfectures de Fukushima, Ibaraki, Gunma, Aichi, Mie, Wakayama et Miyazaki. Moi je viens de la préfecture de Kumamoto et je ne connaissais pas cette culture ! Malheureusement il n’y en a pas chez nous !

Depuis toujours les japonais sont attirés et influencés par la beauté de la lune. On le voit dans les poèmes écrits en étant touchés par la lune. Il y a des poèmes qui expriment simplement une émotion pour sa beauté ou qui raconte les sentiments mélancoliques ou les sentiments que son amour lui manque. La lune sort de nos émotions. Elle reflète les sentiments de ceux qui la voient.

Comment trouverez-vous la lune de Tsukimi cette année ?

Tsukimi-dango devant le noren Susuki
Tsukimi-dango devant le noren Susuki

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