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Festival des lanternes de Yamaga

Le festival des lanternes de Yamaga

En été,  beaucoup de festivals ont lieu partout au Japon. Pourtant ces dernières années, plusieurs ont été annulés à cause du Covid-19. Depuis cette année, la situation s’est enfin apaisée. En effet de nombreux festivals sont à nouveau prévus, dont notamment le festival des lanternes de Yamaga !

Ce festival a normalement lieu tous les ans les 15 et 16 août. Cependant, à cause des restrictions sanitaires sa programmation a dû être annulée jusqu’à cette année. Le dernier évènement public remonte ainsi à 2019. Entre 2020 à 2022, certains événements traditionnels et événements liés au dieu du sanctuaire Ômiya ont néanmoins été organisés, mais sans public. Malheureusement les programmes qui attirent beaucoup de spectateurs, tels que “la danse aux mille lanternes”, n’ont pas pu être présentés.

Nous sommes très contents que le festival des lanternes de Yamaga revienne enfin cette année après quatre années d’annulations ! Nous profitons donc de cette occasion pour vous raconter de l’histoire de cet évènement et pour vous présenter le travail et les techniques impressionnantes des tôrô-shi : les artisans de la lanterne en papier !  

Histoire de Yamaga et de son art du papier japonais

De la légende au festival

Tout d’abord, la légende remonte à environ 2’000 ans. L’empereur Keikô et sa cour se seraient alors perdus dans l’épais brouillard qui s’est levé aux abords de toute la rivière Kikuchi. La population de Yamaga serait donc allée à leur rencontre en portant des torches et ainsi les guider sur le chemin.

Depuis ces temps anciens, la population de Yamaga honore la mémoire de l’empereur Keikô dans le temple shintô d’Ômiya. Dans un premier temps, la population utilisait de simples torches en tant qu’objet de culte. Puis, à partir de l’ère de Muromachi (1336 – 1573), la population a remplacé ces torches par des lanternes plus élaborées, créant ainsi les premières lanternes de Yamaga.

Illustration de l'empereur Keikô
Empereur Keikô (13 av. J. -C. - 130)

C’est aussi à cette époque que le festival des lanternes de Yamaga est né. Ce festival existe encore de nos jours et se déroule du 15 au 16 août chaque année. L’évènement le plus spectaculaire de ce festival est la danse aux mille lanternes. En effet, c’est à ce moment que mille femmes, portant chacune sur leur tête une lanterne nommée Kana Tôrô (lanterne dorée), dansent gracieusement ensemble dans la lumière.

Yamaga, shukuba machi

La ville de Yamaga, située au nord de la préfecture de Kumamoto, a jadis construit sa propre culture et a prospéré comme shukuba machi notamment grâce à la proximité de la rivière Kikuchi qui a permis de créer un point de logistique. Les shukuba, ou shukueki, étaient des stations, ou relais, disposées sur l’une des Cinq Routes du Japon de l’époque d’Edo, ou sur l’une des routes secondaires de ce réseau. Les voyageurs pouvaient s’y reposer au cours de leur voyage à travers le pays. Elles furent créées pour les besoins d’un transport de marchandises à dos de cheval, selon des orientations mises au point pendant les périodes Nara et Heian.

De la compétition à la technique élaborée

La culture de la broussonétie à papier était à son apogée pendant l’ère d’Edo. La broussonétie à papier, aussi appelée mûrier à papier, est la matière première du papier japonais et de la papeterie. En effet à cette époque les marchands commandaient régulièrement des lanternes pour les offrir au temple d’Ômiya. Les lanternes portant le nom de leur généreux donateur, plus elles étaient chères et extravagantes et plus ce dernier gagnait en renommée. Par conséquent, les marchands fortunés se livraient une véritable compétition pour éclipser leurs concurrents, en commandant les lanternes les plus belles et les plus chères.

Cette compétition a, par la même occasion, stimulée l’artisanat des lanternes, les artisans ont ainsi du déployer des trésors de créativité et d’inventivité pour développer la technique avancée de l’art du papier japonais telle qu’on la pratique encore aujourd’hui. La ville de Yamaga, déjà très active dans la fabrication des lanternes, est devenue prospère grâce cette émulation. Les artisans ont mis leur technique à l’œuvre pour créer des objets utilisés lors de l’accueil des chefs de préfecture mais aussi des objets consacrés aux dieux lors de certains rituels shintô ou encore comme objets commerciaux pour des visiteurs.

Fabrication des lanternes de Yamaga

Tôrô-shi

Le tôrô-shi et le nom donné à l’artisan qui fabrique les lanternes. On demande environ 10 ans d’apprentissage pour se former comme tôrô-shi. Seule la personne qui s’est qualifiée peut fabriquer des œuvres avec son propre nom comme tôrô-shi.

Uniquement du papier et de la colle

La lanterne de Yamaga est fabriquée à la main, uniquement avec du papier japonais et de la colle. On l’appelle d’ailleurs lanterne sans ossature. En effet, il n’y a aucune ossature en bois, en bambou ou en métal. Les papiers sont minutieusement collés sur leur épaisseur. De cette façon, le tôrô-shi est capable de construire des objets en relief avec des pièces découpées en papier.

Que du papier japonais et de la colle comme matières, l’art du papier japonais tient avec les colonnes d’air !

Un papier japonais spécifique pour la lanterne de Yamaga

Un papetier de la ville de Yamé, dans la préfecture de Fukuoka, fabrique un papier japonais spécialement pour les lanternes de Yamaga. Il utilise le higo-kôzo (le mûrier à papier de Higo) d’origine de Yamaga pour fabriquer ce papier. La souplesse, la tendreté, la solidité et la qualité spécifique de ce papier japonais contribuent à la fabrication et à la beauté des lanternes de Yamaga.

Une technique minutieuse, visible dans le collage sur les courbes

La haute technicité de l’art s’observe particulièrement sur les courbures des objets réalisés. Par exemple, lors de la fabrication du gibôjyu qui est au bout de la lanterne Kana tôrô, le tôrô-shi ne met de la colle que sur la tranche des papiers les y assemble parfaitement. Ce procédé demande beaucoup d’expérience et une véritable maîtrise de la technique.

Cet art est toujours mis à contribution de nos jours pour le festival des lanternes de Yamaga. Il reste encore quelques artisans œuvrant à la création des Kana Tôrô, comme par exemple M. Junya Nakamura de l’atelier-boutique Yamanote. Ce dernier créé d’ailleurs depuis quelques années des objets aux designs modernes rappelant les codes de ces traditionnelles lanternes en papier. Vous pouvez retrouvez ses créations dans notre boutique en ligne !

Trio mobiles Tôrô de Yamanote
Un festival de couleurs avec les mobiles TôRô

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