Dans le précédent article, nous avons exploré ensemble la maison de Sôseki. Continuons à présent notre voyage en famille au Japon avec la découverte du jardin Suizenji, un magnifique jardin japonais, très réputé.
Cela faisait très longtemps que je n’y étais pas retournée. La dernière fois, j’étais encore enfant, et je ne me souvenais plus vraiment à quoi il ressemblait. Je peux dire que cette visite m’a fait du bien et je me réjouis de vous la raconter !
Aux origines du jardin Suizenji
En 1632, au début de l’époque d’Edo (1603-1868), Tadatoshi Hosokawa, seigneur de la province de Higo (ancien nom de l’actuel département de Kumamoto) et premier représentant de sa lignée, fit construire une maison de thé sur ces lieux. Ce n’est que plus tard, sous le règne du troisième de la lignée, Tsunatoshi Hosokawa, qu’on a aménagé un jardin de style Momoyama autour.
En 1912, une nouvelle maison de thé, la Kokindenju no Ma, a remplacé l’ancienne. On l’a transférée depuis le palais impérial de Kyoto. Le parc abrite aussi un théâtre Nô. L’eau de son étang provient de rivières souterraines issues des montagnes d’Aso. Autour du lac s’élèvent des pins, des collines miniatures, et chaque printemps, les cerisiers en fleurs attirent les amateurs de hanami, la traditionnelle contemplation des fleurs au Japon. (Source : site officiel du guide touristique de Kumamoto).
Une promenade douce et paisible
Dès l’entrée dans le jardin Suizenji, le gazon parfaitement entretenu et l’étang scintillant attirent tout de suite le regard. Tadatoshi aimait particulièrement ce lieu où jaillit une eau d’une grande pureté et je le comprends très bien ! Elle est si claire, si limpide. L’étang est rempli de carpes, et nos enfants ont été émerveillés d’en voir autant ! Un accueil étonnant, presque poétique, qui donnait vraiment envie de poursuivre la visite.
Nous avons traversé un pont pour longer l’étang. Les enfants s’arrêtaient souvent, fascinés par les mouvements des carpes.
En poursuivant notre promenade, nous sommes tombés sur une colline évoquant le mont Fuji. Le paysage est splendide, parfaitement mis en valeur par les arbres et le gazon soigneusement taillés. On aurait dit une peinture.
Le jardin Suizenji est conçu selon le style Kaiyûshiki-teien (回遊式庭園). C’est un style traditionnel japonais où un grand étang occupe le centre, entouré de chemins, de collines artificielles, de petits ponts, d’îles et de rochers. On y trouve aussi des maisons de thé ou des aires de repos pour apprécier le paysage. C’est un véritable plaisir de s’y promener. À un moment, nous avons même aperçu un héron posé tranquillement sur l’eau.
Savourer le temps et les douceurs japonaises !
La promenade était douce et paisible. Nous avons fait lentement le tour du jardin, jusqu’à arriver à la Kokindenju no Ma, un lieu magnifique pour admirer la vue.
Ce bâtiment, situé à droite en entrant par la porte principale, aurait servi d’école d’études au prince Toshihito Hachiujonomiya. Le seigneur Yūsai Hosokawa, actif durant la période Sengoku (mi XVè – fin XVIè siècle), l’aurait utilisé pour enseigner les secrets d’interprétation du Kokin Wakashū. On l’a transféré de Kyoto à Kumamoto en 1912. La préfecture l’a depuis classé bien culturel important.
Depuis la salle de tatamis, on a une très belle vue sur le jardin. On peut y savourer un thé matcha accompagné de douceurs japonaises, selon des recettes secrètes transmises de la famille Hosokawa.
C’est pour admirer ce magnifique spectacle que nous nous sommes installés sur la terrasse, un matcha et un petit gâteau devant nous.
C’était un moment apaisant, face à ce superbe paysage. Une promenade pleine de sérénité que je vous recommande vivement de découvrir si vous voyagez un jour à Kumamoto !
Chez moi, à Kumamoto
C’est en me baladant dans ce lieu si familier que de nombreux souvenirs me sont revenus.
Depuis l’âge de 9 ans, je rêvais de quitter cette région. C’était presque une évidence pour moi. Ce désir venait sans doute de ma curiosité pour les grandes villes, pour d’autres pays et cultures, si différents de ce que je connaissais. J’étais persuadée que je n’avais que peu d’attachement à cette terre. J’ai donc quitté cette région à 18 ans pour aller étudier à Tokyo. Je suis ensuite partie un an à Paris, puis en Suisse où je vis actuellement…
Depuis mes 18 ans, je n’avais plus jamais vécu à Kumamoto. Et pourtant, en marchant ici, je ressentais profondément que mes racines étaient là. Je réalise aujourd’hui à quel point j’aime ma région natale. En revoyant ces paysages, j’ai ressenti quelque chose de très doux, presque comme si quelqu’un me prenait dans ses bras. C’est ici ma maison, et j’aime profondément cette ville.
L’activité que je mène aujourd’hui — présenter les artisans de Kumamoto et leurs créations dans notre boutique — me comble car je suis heureuse de pouvoir vous faire découvrir les richesses de ma superbe région !
