Une histoire de famille
L'histoire des kokeshi
L’origine des kokeshi remonte en fait à la fin de l’ère Edo dans la région du Tôhoku. Les artisans du bois qui y fabriquaient alors des bols et des plateaux ont commencé à fabriquer des kokeshi . Ces petites poupées étaient tout d’abord destinées à être vendues en tant que souvenir pour les enfants. De plus, à cette époque, les clients venant aux bains étaient surtout des agriculteurs. Ils y venaient en effet pour reposer leur corps bien fatigués par leur dur labeur. C’est ainsi que les kokeshi sont peu à peu aussi devenues des porte-bonheurs censés soigner le corps et l’esprit ou encore apporter une bonne récolte.
Les kokeshi sont principalement fabriquées dans la région de Tôhoku. On peut notamment citer les villes de Naruko, de Tôgatta dans la préfecture de Miyagi et de Tsuchiyu dans la préfecture de Fukushima qui sont les plus réputées. On peut classifier les kokeshi traditionnelles en onze sortes, leurs formes, leurs motifs et leurs techniques de fabrication varient selon la région où elles sont nées.
La tradition familiale
L’atelier Sakurai a commencé à boiser le Cornus controversa (Cornouiller discuté) en 2019. Cet arbre est le matériau utilisé pour fabriquer les kokeshi. Il faut entre 20 et 30 ans pour que le semis du Cornus controversa grandisse suffisamment pour pouvoir l’utiliser. Shôji Sakurai (4ème génération), le père de Akihiro, effectuait le boisement avec ses amis, cette activité a duré longtemps mais s’est malheureusement interrompue à cause de l’âge et du manque de successeur. Akihiro et son fils Naomichi ont alors décidé de succéder à l’activité de leurs ancêtres afin de transmettre la tradition des kokeshi à leurs descendants. Ils ont réussi à reprendre cette activité grâce à l’aide d’un organisme à but non lucratif.
Étapes de fabrication
1. Séchage
On utilise le Cornus controversa comme matériau de fabrication pour les kokeshi. Il faut l’utiliser lorsque le bois a une belle couleur blanche et une quantité d’eau déterminée. C’est donc vers le mois de novembre, quand l’air est plus sec que l’atelier Sakurai commence par couper les arbres. Ils enlèvent ensuite l’écorce et les laissent sécher pendant huit mois à un an et demi.
2. Usinage du bois
L’artisan fixe d’abord un tronçon de bois sur le tour puis le fait tourner. Ensuite il commence à le tailler et à lui donner la forme de kokeshi. Il utilise pour ce faire un outil spécialement fabriqué par l’artisan. D’ailleurs, tous les outils utilisés, comme le rabot qui taille le bois et qui grave des motifs, la petite lame qui polie, sont fabriqués par l’artisan. Il est à noter que la rotation du tronçon est mécanique mais l’usinage du tronçon est entièrement manuel et requiert une précision admirable !
Il usine séparément la tête et le tronc de la poupée. Le petit trou qu’il creuse sur l’haut du tronc permet d’y insérer la tête. Cette méthode très technique s’appelle “hamékomi“, c’est en fait une spécialité de la ville de Naruko, elle demande énormement de savoir-faire.
3. Peinture
Enfin, la technique délicate du pinceau donne la vie à la kokeshi. L’artisan peint le motif dit “mizuhikité” (symbole de la célébration) sur la tête. On retrouve sur le tronc celui du chrysanthème. Ces motifs sont caractéristiques des kokeshi traditionnelles de Naruko.
Tous les dessins sont peints à la main. C’est ce travail minutieux qui donne aux kokeshi de Naruko un aspect tranquille et une mine noble et charmante.